Juin 2017 : Pour vos vacances...

Extrait du chapitre 11.

 

 

  Lynette rentra le vendredi soir après deux jours de travail intense. Pour la première fois, elle s’avoua contente de revenir chez elle, de retrouver «sa famille», d’envisager un week-end au calme et... de revoir Adam. Oui. Elle avait envie de tout ça! En conduisant, sans même râler contre le bouchon habituel à la traversée de Mionnay, elle reprit à tue-tête le refrain du Chant des sirènes diffusé par la radio. Elle en connaissait les paroles par cœur et les fredonnait encore en entrant dans la cuisine. Leone préparait le repas en écoutant, presque en sourdine, l’ouverture de Dom Juan. Rien à voir avec la chanson à la mode de Lynette ! 

  Personne dans les Méridiennes. Elle monta vers son appartement, mais au passage aperçut Alessia dans son bureau. Elle la rejoignit en chantonnant :

  – Enfants des parcs, gamins des plages...
   Étonnée, Alessia leva la tête. Son amie poursuivait :
   – ...
Le vent menace les châteaux de sable façonnés de mes doigts...

  – Toi ? Tu chantes ?...
   Elle plissa le front en faisant semblant de chercher :
   – Depuis combien de temps n’avons-nous pas repris les tubes à la
mode comme nous le faisions pendant nos études ?

   – Tu viens d’apporter la réponse : au moins six ou sept ans !
   – Ces trois jours assidus à Lyon t’ont donné la pêche on dirait ?...

  – Tout va bien. Fatiguée, mais tout va bien! Jeudi, journée photo pour le lancement du nouveau magazine spécialisé. Vendredi, cocktail petit doigt en l’air comme d’habitude... et samedi, les essayages se sont passés sans difficulté. Donc pas de retouches compliquées et des futures mariées ravies. Et moi je suis contente de rentrer pour deux jours au calme avec vous !

  Alessia lui adressa une grimace significative :

  – Le déjeuner de dimanche avec un certain Adam serait-il une des causes de cette bonne humeur?

  – Peut-être! Mais il y a aussi Aurane dans notre nouvelle vie. Je m’attache aux deux. Ce bébé transforme notre quotidien. Tu vois, finalement on s’adapte et on arrive à libérer du temps à tour de rôle.

  Après un court silence, elle reprit à voix basse :

  – Dire que nous devons cet énorme changement à Anna... Comme j’aimerais partager avec elle la joie de nous occuper de son enfant...

  – Eeeh... reprends ton Chant des sirènes, c’est encore moins triste ! Même s’il date un peu. Je te signale qu’ils ont sorti un autre album depuis. Le Cœur éléphant s’entend sur toutes les stations radio !

  – Oui. Mais c’est justement parce que la chanson est ancienne que je me souviens des paroles ! Je connaîtrai la nouvelle dans six mois !

  – C’est déjà bien, moi je ne retiens rien, assura Gauthier sur le seuil de la porte.

  Il tenait Aurane dans ses bras et la laissait jouer avec son chèche blanc, négligemment enroulé autour de son cou. Lynette se redressa vivement en se tournant vers eux :

   – Viens me voir ma puce. Deux jours sans toi, tu m’as manqué...
   Il sourit devant l’empressement de Lynette à prendre le bébé.
  – Bel accueil ! Sincèrement, je n’aurais jamais envisagé une si
rapide adaptation lors de mon arrivée. Toutes les deux, vous sembliez tellement... tellement...

 – Tellement quoi, quand vous avez découvert que nous n’étions pas homosexuelles, se moqua Alessia.

  Il accentua son sourire.
  – Tellement...
working girls ! Beaucoup moins femmes de cœur !
 
– Oh! Le pensez-vous encore? demanda Lynette en enlevant son collier de la petite main qui voulait le porter à sa bouche.

   – Pas bon pour toi, ma puce... Prends ton doudou, murmura-t-elle en lui tendant lapinou.

   En les regardant à tour de rôle, il répondit avec un sourire éclatant :

   Disons que vous évoluez vite ! C’est une agréable surprise. Alessia se défendit.
– Mes parents nous ont donné la valeur de la famille, vous savez!
Nous connaissons l’importance des relations épanouies entre parents et enfants.

  Lynette annonça gravement :

  – Oui, et je suis bien placée pour le savoir, car j’ai été privée de l’affection maternelle dès l’âge de cinq ans ! Exceptée celle de Roseline, bien sûr !

  Elle regarda Gauthier.

  – Avec votre métier, je ne vais pas vous apprendre que le manque d’amour peut détruire un enfant? Si je n’avais pas eu la présence affectueuse, inconditionnelle et constante des parents d’Alessia, je n’en serais pas là aujourd’hui ! Nous offrirons une triple tendresse à Aurane. Pour chacune de nous et pour sa maman. Elle ne sera jamais en manque.

  – Je m’en aperçois un peu plus chaque jour.

  Le téléphone intérieur sonna. Leone les appelait pour dîner. Alessia ramassa ses papiers éparpillés sur le bureau, les dessins de Lynette et les rangea dans un tiroir. Une fois sortie de la pièce, elle ferma à clé derrière elle. Gauthier, qui l’avait attendue pendant que Lynette allait déposer ses affaires dans sa chambre, se moqua gentiment :

  – Que craignez-vous Alessia? Vous pensez que je peux voler vos dessins ?

  Elle le regarda et se détendit quand elle comprit qu’il plaisantait :

  – Moquez-vous ! Certains incidents durant nos études nous ont appris la prudence. On n’évolue pas au pays des Bisounours dans ces grandes écoles ! Ni dans notre métier, d’ailleurs. En première année, nous nous sommes fait voler notre projet deux jours avant de le rendre... Nous avons dû tout recommencer pour la seconde session. Depuis, Lynette et moi avons pris l’habitude de tout mettre sous clé. Ne riez pas ! Nous sommes connues dans notre métier, alors une nouvelle collection attire des curieux... L’année dernière, un autre épisode malheureux nous a valu l’annulation de deux créations exclusives! Un gros manque à gagner pour nous tous. Une mauvaise image d’A.L. pour nos clientes lésées.

  Il la regarda, se demandant si elle plaisantait. Mais non.
   – On vous vole des modèles ?
  – C’est arrivé. Une ancienne employée se présentait auprès de ses
connaissances et d’un journaliste comme notre amie et responsable d’un

atelier. Il y a toujours une oreille attentive pour de telles vantardises! En réalité elle n’était qu’une simple petite main engagée six mois auparavant. Elle a réussi à nous subtiliser deux dessins et à les revendre à ceux qui ont pris contact avec elle..

  – Je n’aurais jamais envisagé cela chez vous !
   Il se reprit, gêné par le regard d’Alessia :
   – Enfin... je veux dire... chez les très grands couturiers, peut-être,
mais vous ?

   Elle se rembrunit.
   – Parce que nous vivons à la campagne, en décalé des grandes
maisons, vous croyez que nous sommes moins appréciées, donc moins surveillées et moins enviées? Eh bien, pas du tout! Même loin de Paris et en l’absence du titre “haute couture”, NOUS faisons partie des créatrices en vogue. Dans les métiers du luxe, l’espionnage existe vraiment. Un modèle volé engendre des pertes importantes, du travail en moins pour tout le personnel et nous fait perdre en crédibilité auprès des clientes. On ne se fera pas prendre deux fois! Nous avons fait le choix de quitter la capitale pour avoir moins de pression et créer plus sereinement, cela ne nous empêche pas de rester très vigilantes !

  Elle retrouva son sourire en voyant Aurane se tortiller pour aller vers elle. À mi-chemin de l’escalier, ils s’arrêtèrent pour lui permettre de changer de bras. À deux sur la même marche, ils se trouvèrent près l’un de l’autre. Leurs têtes se touchèrent quand la petite se colla sur l’épaule féminine. Ils se regardèrent, si proches. Yeux bleu-indigo dans yeux verts... Quelques secondes, puis Alessia recula. Il resta immobile.

  – Trop compliqué, murmura-t-elle en serrant le bébé contre elle.
   – Tout à fait d’accord avec vous... acquiesça-t-il tout bas.
  
Il la laissa descendre avec Aurane en se tenant prudemment trois marches en arrière. Lynette, qui avait tout vu depuis les Méridiennes, garda le silence lorsque son amie entra dans la pièce. Décidément, l’arrivée de ce bébé bousculait leur vie sur tous les points !

 

 

 

14 février 2017 - Jour de la Saint Valentin...

Je vous propose les premières lignes de

 

                                                  DENTELLE SUR SOIE !

 

 

Chapitre 1

 

Atelier d’AlessLyne Mariage. Septembre 2015

 

           

 

            Un silence quasi monacal régnait dans le grand atelier, parfois entrecoupé d’un froissement d’étoffe ou du crissement des ciseaux sur le tissu. Chacun travaillait à sa place, sans un regard vers le sigle aux immenses lettres artistiquement entrelacées et apposées sur le mur du fond. A.L. Mariage, la marque de la maison. Elle faisait partie de leur univers.

Alessia Bessani rompit ce calme feutré lorsqu’elle haussa le ton de manière exceptionnelle.

– Enfin Célestine !... Je vous ai fait remarquer deux fois depuis hier la même erreur sur la finition de ce boléro ! Que se passe-t-il ?

Célestine baissa la tête, les yeux brillants de larmes. Alessia n’en tint pas compte et continua :

– Vous devez terminer le bas du boléro en posant un galon perlé… Non avec un simple ourlet. Si vous avez bien regardé le dessin complet de la robe, ça saute aux yeux. Mettez des lunettes si vous ne voyez pas clair ! lui jeta-t-elle fortement agacée.

Avec un geste explicite, elle se tourna vers Alice la première d’atelier. Celle-ci hocha la tête d’un air entendu.

– Je vois ça avec elle rapidement, Miss Alessia. Elle est un peu distraite en ce moment…

– Un peu distraite ? Et puis quoi, encore ! La distraction est interdite dans cet atelier ! Cette robe est vendue, la cérémonie a lieu la semaine prochaine en Italie. Nous l’emportons ce soir à Milan, en nous rendant au Salon du mariage qui commence après-demain. Et avec son boléro correctement terminé !

D’un mouvement brusque, elle se tourna vers le seul homme présent dans la pièce. Un peu à l’écart afin de prévenir un geste malencontreux au passage, il exécutait minutieusement une broderie pailletée au crochet de Lunéville* autour du décolleté d’une robe....

 

-------

 

Nouvelles octobre 2016.

Voilà ! Mon dernier roman est parti chez la correctrice...

 

" Dentelle sur soie " sortira en mars 2017....

 

Mes personnages principaux :

 

Alessia Bessani est l'arrière petite fille Églantine.

Lynette Neuville celle de Lucille ou "Lulu" dans Rubans de Soie.

 

Stylistes, modélistes, elles ont créé leur maison de Couture :

AlessLyne Mariage ou A.L. Mariage.

 

Inséparables, comme leurs bisaïeules, leur vie va singulièrement se compliquer lorsque leur meilleure amie leur confie son bébé de cinq mois avant de décéder...

 

Comment créer dans le monde de la Couture et du luxe avec un bébé, surtout accompagné de sa nounou atypique : Gauthier Le Brantion !!!

 

 

Alessia Bessani    Lynette Neuville   créatrices  A.L. Mariage

Nouvelles août 2016

Rien de mieux qu'un séjour dans la Dombes pour "travailler" mon dernier roman !Je rêve devant les étangs.

Je passe tous les jours devant le château d'Alessia et Lynette...

Je les imagine très bien en train de créer une de leur merveille dans leur atelier.

J'espère qu'elles sauront également vous entrainer dans leur monde de beauté, de luxe et donc de rêve.

Nouvelles :  Avril 2016

Histoire du roman achevée ! Eh, oui ! Mais roman non terminé...

 

Lecture, relecture, re-relecture... jusqu'à la lecture finale par la correctrice professionnelle. Il y a encore du travail !

 

Un indice ?

 

Pourquoi pas une pointe d'histoire policière au milieu des robes de mariées ?...

 

 

Nouvelles : Mars 2016

Mon roman avance...  presque terminé en première écriture.

Alors patience, il doit encore se peaufiner pendant plusieurs mois...

Quelques indices...

Il sera contemporain.

Toujours dans la Dombes et ses étangs.

Mes deux héroïnes, stylistes, créent des robes de mariée...

Nouvelles : Novembre 2015

Après ce long silence, pendant lequel Églantine suivait sa route jalonnée de nombreux lecteurs et de belles rencontres, je peux vous enfin annoncer :


Mon prochain roman est en cours d'écriture !


Petite information : il sera contemporain !


Rien de plus pour le moment. Alors... patience !

MAI 2015.

Une vidéo pour découvrir le travail très particulier des Soieries C.J. BONNET à Jujurieux.

Dans RUBANS de SOIE, Églantine a travaillé à la confection de pièces de soie magnifiques. Ce savoir faire, particulier à la soierie, lui servira pour créer ses propres modèles lorsqu'elle entrera comme créatrice chez un grand couturier à Lyon.

Mai 2015.

RUBANS de SOIE... 2-

Pour vous spécialement, une deuxième rencontre avec Églantine !


 

  Églantines se tourna vers lui, sa joie de vivre retrouvée, des étoiles plein les yeux.

– Chaque nuit je rêve d’un tissu spécial pour créer une robe. Une robe…

Elle s’envola dans son imaginaire

– … une robe couleur d’étang ! Un peu comme dans Peau d’âne. Le conte de M. Perrault, précisa-t-elle avec un petit sourire. Tu connais ?

Elle remarqua à peine son hochement de tête, toute à son explication :

– Il faudrait créer un voile léger… si léger que le vent jouerait dedans comme quand il fait chanter les massettes sur les berges. Et d’une couleur… indéfinissable ! As-tu déjà vu un étang scintiller sous le soleil ? Vert, gris, bronze, azur, doré, argenté… Et sous le ciel gris ? Gris perle, ardoise, métallique, sable, vert-de-gris… C’est toujours magnifique ! souffla-t-elle.

Elle mêlait les teintes, les nuançait, sans parvenir à les décrire précisément. Clément s’amusa de la découvrir si exaltée par son rêve.

– Je te crois. Mais comment penses-tu réaliser cette couleur indéfinissable sur un tissu léger inexistant ? Car rien ne t’arrêtera dans ta recherche. Je me trompe ?

– Je ne sais pas. J’aimerais la créer, c’est vrai. Mais je n’ai pas encore assez d’expérience, dit-elle sagement.

Clément la trouva belle et en oublia son âge : quatorze ans ! Ses cheveux bruns s’échappaient en mèches rebelles de sa coiffe au nœud de ruban rose. Ses taches de rousseur, sur le nez et le haut des pommettes, moins nombreuses que chez Charlette, lui donnaient un air espiègle. Malgré sa tenue austère, longue jupe noire recouverte d’un tablier blanc, un fichu d’épaules tricoté sur une blouse bleue, sa silhouette semblait danser gaiement à chaque pas.      P.95 – 96

AVRIL 2015

RUBANS de SOIE... 1-

Découvrez en avant première un extrait du roman.

 

La première rencontre entre Églantine et Clément. Bonne lecture !

 

 

Un matin, à l’entrée de l’Usine, Églantine découvrit un jeune homme à la place habituelle de René. Grand, mince, âgé d’une vingtaine d’années, les cheveux bruns bouclés. Il portait la veste de toile des gareurs* et paraissait l’attendre. Troublée, Églantine s’arrêta net. Il s’avança vers elle puisqu’elle ne bougeait plus. Il lui sourit gaiement tout en la détaillant d’un rapide coup d’œil.

– René est parti à domicile chez un tisseur. Il m’a chargé de le remplacer aujourd’hui.

Devant sa mine contrariée, il reprit plus doucement.

– Oh, excuse-moi ! Je suis Clément Daquin. Son fils. J’ai dix-neuf ans et je travaille comme gareur à l’atelier des unis depuis trois mois.

Églantine hésita. Devait-elle le tutoyer comme il venait de le faire ? Non seulement elle ne le connaissait pas, mais il avait quand même six ans de plus ! Elle le jaugea entre ses cils à demi fermés, le trouva vraiment mignon avec ses cheveux bouclés et son visage imberbe. Elle remonta vers ses yeux bruns rieurs. Trop rieurs ! Il se moquait d’elle !

– Je t’amuse ? jeta-t-elle sèchement. Désolée si tu me vois avec une tête de clown ! Je ne peux pas en changer ! Et je me fiche de ton âge !

Il stoppa tout de suite son hilarité devant le petit visage empourpré de colère. Les yeux verts lançaient des éclairs. Il jugea prudent d’expliquer :

– Je ne me moque pas de toi. C’est seulement que… mon père m’a dit hier soir que je devais le remplacer auprès d’un laideron qui louchait…

Ce fut plus fort que lui, il repartit à rire devant la bouche grande ouverte d’Églantine. Il continua bien vite :

– Tu connais un peu mon père et son humour décalé. Il m’a fait une blague qui le rendait tout heureux de me voir traîner les pieds pour prendre sa place. Te découvrir aussi mignonne me réjouit plutôt. C’est tout.

Elle haussa les épaules, ne trouvant pas la plaisanterie de bon goût.

– Depuis un mois que je viens ici chaque jour, tu as dû me croiser avec ton père ?

– Non. Je faisais un stage dans des succursales à Lyon pour apprendre le réglage de nouvelles machines. Je suis rentré hier. C’est bien pour ça qu’il a pu se moquer de moi. Tu n’y es pour rien.

Églantine s’impatienta :

– Bon. On ne va pas en parler sans fin. Ton père devait me montrer aujourd’hui l’atelier des unis. Ça tombe bien puisque tu y travailles. Dépêchons-nous.

– Ben dis donc, tu fais du zèle ?

– J’ai l’habitude de journées bien remplies. Je refuse de perdre celle-ci parce que « monsieur papa » a, soi-disant, de l’humour !

Le jeune homme soupira.

– Je me demande s’il plaisantait vraiment ! On peut être moche et loucher sans que cela se voie extérieurement !

Églantine mit un moment à comprendre le sens de ses paroles. De nombreuses personnes passaient dans la cour, elle ne put lui hurler dessus, comme elle le faisait sur les garçons de l’école quand ils se moquaient d’elle. Pourtant, elle en mourait d’envie. Elle se détourna et partit d’un pas vif, claquant sur le sol les talons de ses bottines au rythme de sa colère. Devant l’entrée de l’atelier des unis, elle s’arrêta brutalement. Elle ne le pensait pas si près d’elle. Surpris par son arrêt, il la bouscula. Sa lourde caisse à outils de gareur lui heurta le mollet droit. Elle se retourna furieuse, le dévisagea, vit l’effort qu’il s’imposait pour garder son sérieux et… éclata de rire en même temps que lui tout en massant sa jambe douloureuse.

Leur gaieté résonna à la porte de l’atelier. Églantine se ressaisit la première, resserra le nœud de sa coiffe, s’assura que son ruban rose était toujours là et finit en s’essuyant les yeux du revers de la main.

– Je suis mal partie avec toi, murmura-t-elle quand elle put enfin parler. Je ne suis pas coléreuse d’habitude. Comprends quand même que se faire traiter de « laideron qui louche », ça ne fait pas plaisir !

– Je ne te l’ai pas dit ! Mon père me l’a laissé supposer, c’est différent. Ça va ta jambe ? Elle est lourde cette caisse…

Elle se frotta encore par-dessus sa jupe en jetant un regard venimeux à l’engin rempli d’outils.

– J’en serai quitte pour un joli bleu… Tu devrais la laisser sur place au lieu de te promener avec.

– Je le fais d’habitude. Mais là, j’en avais besoin à Lyon.

Il redressa machinalement son nœud de cravate.

– On y va ?

Elle fit signe que oui. La paix étant faite, elle put se mettre à travailler avec lui tranquillement. Pendant plus d’une heure, il lui montra les mécaniques sur lesquelles il avait appris son métier. Il lui expliqua la fabrication du crêpe de soie, utilisé pour les robes ou les corsages, et la manière de le teindre en pièces, c’est-à-dire après le tissage. À l’inverse des satins pour les revers d’habits et de smoking, qui eux, se teignent en fil, donc avant le tissage. Il lui montra ensuite des façonnés, des taffetas, des mousselines, des nuanciers aux couleurs vives. Églantine regarda, écouta, mais surtout palpa les soies d’une incroyable douceur, sans oser dire que René lui avait déjà expliqué tout ça. Elle aimait le son de sa voix et souhaitait l’entendre encore. Elle finit par murmurer pour elle-même :

– Un jour, je me servirai de ces étoffes… de ces couleurs magnifiques… Rien ne m’empêchera de les travailler.

– Si. Le prix, remarqua-t-il en souriant. Ces tissus sont commandés par des couturiers de Paris et quelques grands de Lyon. Tu viens de chez l’un d’eux ?

Elle détourna la réponse à sa dernière question.

– Pour le moment, j’apprends. Mais dans trois ou quatre ans, j’espère bien en faire partie...

 

* Gareur : régleur de métier mécanique. Il travaillait sur des ponts-passerelles, au-dessus des machines. Il intervenait au moment du changement des cartes perforées supportant le motif du dessin, entretenait et réparait les machines. P. 76 - 78

 

****


... Clément souleva son canotier devant Églantine en guise de salut.

– À bientôt, mademoiselle Églantine, fit-il solennellement. Ravi de vous connaître.

– À bientôt, monsieur Clément. Ravie de vous connaître également, fit-elle en l’imitant et en pouffant de rire.

Il rit aussi. Sans répondre il se détourna et prit le chemin vers Cucuen, quartier où l’Usine possédait des petites maisons mises à la disposition des chefs d’atelier et du personnel externe. Il se retourna quand même une fois pour regarder la mince silhouette s'éloigner rapidement. Pourquoi son père lui avait-il fait une telle farce ? Elle était si jeune ! Diablement attirante aussi !  P. 81



A très bientôt pour la suite...

Février 2015.

RUBANS de SOIE ...

Prêt à partir dans l'Ain pour découvrir avec Églantine le monde de la soie, de la couture et de la couleur ? 

 

 Elle vous invite à partager sa vie, à grandir en sa compagnie, à mieux connaître le traitement des fils de soie dans les manufactures.

 

Réussira-t-elle à concrétiser son rêve impossible parce qu'immatériel ?

 

Créer une robe couleur d'étang ! 

Coucher de Soleil sur un étang de la Dombes...

Une région de l'Ain chère au cœur d’Églantine.

 

Elle arrive bientôt, avec mon nouveau roman :

 

RUBANS de SOIE !

Janvier 2015

Voici quelques explications concernant l'écriture de mes livres.

       Dans chaque roman, sur une trame historique réelle soigneusement vérifiée, se mêlent passion, tolérance et complexité humaine.

 

 

Rubans de Soie, est  terminé depuis peu et sortira avant les vacances d'été.

       

          Il m'a demandé également 3 ans de travail et de recherches. J'ai eu la chance de visiter plusieurs fois le site des Soieries C.J. Bonnet à Jujurieux, dans l'Ain, où se situe mon roman. J'ai pu m'imprégner de l'ambiance des ateliers (maintenant, hélas, désertés, et transformés en musée pour une partie). Je me suis promenée dans le village, sur la route de  la Combe... partout où j'ai choisi de faire vivre Églantine. Je vous souhaite une bonne découverte du milieu particulier de la soierie. Et... un petit coup de cœur pour mon Églantine !



 

**** 

 

     Églantine, petite fille de 11 ans née au bord de l'étang de Joyeux, dans la Dombes, vit comme une sauvageonne. Paradoxalement douée pour la couture, elle se retrouve placée dans une famille aisée de Jujurieux afin d'aider aux cuisines ! Mais à la Maison Dorée, elle apprend aussi à lire, à écrire, à se tenir, à parler comme il faut. Elle obtient même son certificat d'études.

Lorsqu'elle entre à l'Usine de la soie en septembre 1913, elle passe par tous les stades de fabrication de la noble matière. Même les plus difficiles. En 1914, la guerre met en sommeil ses rêves de réussite. Malgré son jeune âge elle attend le retour de Clément, un gareur de l'atelier des unis, et profite d'une vie familiale entre les dames de la Maison Dorée, malgré un dur labeur quotidien. Le soir, elle dessine ses modèles sur des cahiers d'écolier, s'instruisant sans relâche sur l'évolution de la mode dans les grandes villes.

      À Lyon, en 1919, engagée chez un grand couturier, elle réalise très vite ses propres modèles. Elle a tout juste 19 ans. L'avenir s'ouvre devant elle.

Réussir sa vie ou réussir dans la vie ? Églantine doit choisir. 

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------


 

Le chemin des Trois Filles. Tome I paru en décembre 2013 et le tome II en avril 2014. Toujours chez Airaim-éditions.

 

      Trois ans d'écriture également pour ce nouveau roman.

      Pure fiction encore, s'appuyant toujours sur des faits historiques bien réels. 

     Cette fois, j'invite le lecteur à voyager aux États-Unis, entre 1863 et 1865, au cours de la guerre de Sécession. J'ai aimé cette idée de partir si loin et de faire évoluer mes personnages dans cette époque révolue. Selon leur conscience et leur personnalité, ils agissent, ou non, pour participer à l'Histoire de leur pays.

     Au cours de cette guerre civile, de nombreuses familles se trouvent déchirées entre le Nord et le Sud. L'idéologie politique suit parfois un chemin très différent de celui des sentiments. Choisir son camp, trouver sa place, rejeter ou accepter l'émancipation des Noirs selon le décret d'A. Lincoln, représentent des enjeux très lourds de conséquences. La rencontre dans le chemin des Trois Filles sera déterminante.

 

 

----------------------------------------------------------------------------------------------------------


 

Fantômes en uniforme. Paru en décembre 2011 chez Airaim-éditions.

 

     Il m'a fallu trois ans pour l'écrire, le relire, le corriger, le relire encore et… décider d'arrêter, car un livre n'est jamais fini d'écrire pour un auteur !

     Il s'agit d'une pure fiction s'appuyant sur des faits véridiques et historiques bien réels. Lyonnaise, je me suis amusée à me promener dans une ville et une région que j'aime beaucoup, ainsi que dans l'Histoire de cette région, utilisant quelques actions de ma mère en 1944. (Elle sortait réellement des cartes d'identités de la mairie où elle travaillait, pour aider les Juifs ou les réfractaires au STO, en les cachant dans sa gaine).

    Ce roman s'articule autour de deux dates : Il débute en 1958, avec retour en arrière en 1944 au moment de la libération de Lyon. Et l'on se rend compte que 14 ans après, des Fantômes en uniforme hantent encore douloureusement les consciences.

 

 

 

Séance de dédicaces Salon du livre de Cysoing
Séance de dédicaces Salon du livre de Cysoing